jeudi, juillet 10, 2008

Bon, voilà!

Ca fait des semaines que j'étire ce blog en longueur, que les blancs silencieux et déserts suivent les petits sursauts d'orgueil ("Non, le Grimoire n'est pas (encore) mort!"), que les envies d'apparaître ici se laissent engloutir par les besoins d'apparaître ailleurs...

Alors voilà, pour les quelques égarés qui passeraient encore par ici, j'ai décidé d'être honnête: sachez que je vous lis encore, en toute discrétion mais que je cesse définitivement de sévir ici pour me consacrer à 100% à Asteline.

Asteline, vous le savez peut-être déjà est un jeune éditeur belge (jeune et flamboyant! ;-)) mais aussi un magazine en ligne, mis à jour chaque semaine, où BD, romans, livres de jeunesse, musique, etc. côtoient allègrement le plaisir de la découverte.

Tout nouveau: une rubrique blog/site vient de s'ouvrir, n'hésitez donc pas à y jeter un oeil, et pourquoi pas présenter votre site via la rubrique contact (et en passant, peut-être, à vous abonner à la Newsletter? Histoire de ne rien rater!!! ;-))

Au plaisir de vous retrouver aux quatre coins de la blogosphère (et sur Asteline!), je vous souhaite à tous mille merveilles et de bien belles lectures!

Virginie

www.asteline.be

mercredi, mai 28, 2008

Si Dolf n'a pas d'amante (hormis Kristina épinglée sur son mur), pas d'ami (hormis Walter, tombeur et noceur de service), pas de vrai chez lui (hormis une chambre miteuse chez une vieille bigote), ce n'est pas parce qu'il est idiot, non. C'est juste à cause de l'odeur. Celle des morts.

Dolf assiste le docteur Sander à la morgue. Fermetures éclairs, cerveaux à peser, il connaît. Dolf n'a qu'une passion : capturer des insectes (surtout les papillons), et les épingler dans sa boîte aux trésors. Pour ne pas les faire souffrir : les endormir, faire vite et bien. Dolf n'a que cette passion jusqu'au jour où une femme vient identifier le corps d'un inconnu avant de se jeter dans ses bras, en quête de consolation.

Moment d'une rare intensité pour lui, il n'aura de cesse de retrouver cette femme à l'étreinte si douce dont il est instantanément tombé amoureux. Jusqu'à perdre le peu de bon sens dont la vie lui avait fait don…

Dans un style narratif simplifié au ressenti, aux raisonnements primitifs (influencé, peut-être, par ce qu’avait fait, de manière experte et bien plus périlleuse, William Faulkner dans Le Bruit et la Fureur), Martin Gülich dresse le portrait d'un personnage à la fois pitoyable et dérangeant, manipulé par ses propres obsessions, perdant son identité déjà fragile et ses repères sociaux. L'Etreinte symbolise le basculement d'un esprit déjà faible et chancelant, et ce, en installant une atmosphère étrange et imagée.

Un auteur à suivre ?

vendredi, avril 25, 2008

Eloge du silence pendant l'amour, de Lisa Azuelos

Lili se croit le cœur frigide. Après une rupture douloureuse et l’entame d’une vie alternée avec/sans enfants, l’amour ne l’y reprendra plus.

Parce que c’est «sans danger», elle entre dans une relation non-affective avec Antoine : juste se retrouver dans un lit, faire l’amour, ne pas parler, ne pas se connaître ni s’encombrer, aller à l’essentiel. Essayer de ne plus souffrir en ne s’attachant pas à l’autre. Se contenter d’une odeur de savon, de textos, de sous-vêtements sur le sol et de matins silencieux.

Fiction (autobiographique ?) d’une trentenaire fragilisée par les coups durs mais encore sensible, Eloge du silence pendant l’amour est un récit qui n’oublie pas d’être modeste et de se remettre en question. On le sent sincère et spontané.

Lisa Azuelos, scénariste et cinéaste, a également réalisé Comme t’y es belle en 2006. Même s’il n’est pas toujours évident d’éviter les clichés de bonnes solutions pour guérir de l’amour, elle signe ici un roman simple et touchant, à la plume claire.

mercredi, mars 12, 2008

Les Garçons, de Wesley Stace

Après le succès de son premier roman L’Infortunée, paru en 2006, on attendait beaucoup de Wesley Stace. S’étant montré jusque là romancier imaginatif, il prouve avec Les Garçons qu’il a gardé son feu sacré et un excellent sens de l’intrigue.

Dans cette histoire, il y a deux George Fisher. L’un est un adolescent de douze ans, descendant d’une famille de gens du spectacle ; l’autre est une marionnette de ventriloque - un «garçon» - qui appartenait à son grand-père.

Alors que le premier nous raconte sa famille et sa scolarité chaotique au pensionnat (nous sommes en 1973), le second nous livre aussi sa vision des Fisher et sa relation avec Joe, son partenaire aux ambitions trop décalées pour sa mère, une célèbre ventriloque. Même s’ils ne se sont encore jamais rencontrés, les histoires des deux George sont intimement liées et le seront de plus en plus.

On retrouve dans l’écriture de Wesley Stace une force narrative très anglo-saxonne, qui nous happe sans trop traîner. L’alternance de narration des deux George, l’idée même de la ventriloquie et la voix donnée à la marionnette - témoin pas si innocent de la vie des autres -, tout cela donne une densité fascinante à l’ensemble.

Je pense que l’auteur a évolué positivement depuis L’Infortunée : moins de digressions, plus d’habileté dans la construction, un ton encore plus incisif. Il a gagné en vraisemblance, en efficacité et surtout en justesse. La quête de soi, de sa voix/voie, parmi les méandres et secrets d’une histoire familiale complexe, voilà qui n’a rien de simple comme sujet, même si maintes fois abordé. Ce roman a les pieds solides et nous mène brillamment jusqu’au bout.

vendredi, février 08, 2008

Si ne suis pas là très souvent, c'est aussi...

... parce que j'oeuvre pour un magazine très à la page de l'actualité BD et romans: le Magazine Asteline. De quoi trouver son bonheur lors de la mise à jour hebdomadaire!
N'hésitez pas à aller y faire un tour de temps en temps, les rédacteurs n'y manquent pas d'idée!

Et pendant que je suis plongée dans ce nouveau Wesley Stace (qui a écrit déjà "L'Infortunée", voir ICI) une petite chronique BD ci-dessous...

"Crémèr et le maillon faible de Sumatra", de Vandermeulen et Casanave

Voilà un nouveau personnage dont le patronyme donne le ton: Bruno Crémèr, homonyme de l’acteur ayant interprété Maigret sur nos écrans. Commissaire divisionnaire à la police de Seraing (prononcer Srin), on le découvre en croisière, vacances qu’il partage avec son fidèle sous-divisionnaire Lucas (George, de son prénom), un petit homme timide et docile, et sa chienne Jessica, fidèle elle aussi, mais sensible au mal de mer.

Alors que Jessica se lie d’affection avec le danois d’une riche passagère, Crémèr, lui, devient l’arbitre d’un débat autour de l’évolution de l’Homme. Le professeur Shrewbury, qu’il vient juste de rencontrer, oppose tous les soirs sa théorie de l’évolution à celles de deux autres comparses intellectuels. Débat convenu, de prime abord, et qui semble dépasser Crémèr jusqu’à ce qu’il soit lui-même confronté à la question de l’humanité : lors d’une escale forcée sur une petite île de Sumatra, Shrewbury meurt de la chute d’un arbre sur son crâne. Arbre sciemment scié par un petit être anthropomorphe : un kouyû-kouyû.

Fier de tenir son coupable, Crémèr doit pourtant résoudre un problème : est-ce un homme ou un animal ? Coupable ou non coupable ? Justice ou loi de la nature ? En effet, l’espèce du kouyû-kouyû est largement répandue sur l’île et réduite à l’esclavage (dans les mines de charbon, comme chauffeurs,…) ou à la dégustation (mets de luxe : le cerveau de kouyû-kouyû vivant). Même s’il semble doté d’humour et de logique, l’être en question a-t-il pour autant les caractéristiques de l’être humain ?

Si le point fort de Crémèr et le maillon faible de Sumatra est de soulever des questions sans y apporter de réponses toutes remplies de moralité, je l’ai trouvé un peu décevant dans son envie de coller à un dessin classique (mis en couleurs par Larcenet), y ajoutant une couverture à la mise en page très «Tintin». L’humour n’est pas toujours drôle et l’entrée en matière un peu longuette. Le sujet n’est pas inintéressant, non, mais j’ai oscillé entre des sensations de trop et de trop peu. Comme s’il s’en était fallu de peu pour sortir des poncifs du genre. A suivre…

samedi, janvier 19, 2008

"Extrêmement fort et incroyablement près" de J. SAFRAN FOER

Comme le dit la quatrième de couverture, Oskar Schell est «inventeur, entomologiste, épistolier, francophile, pacifiste, consultant en informatique, végétalien, origamiste, percussionniste, astronome, collectionneur de pierres semi-précieuses, de papillons morts de mort naturelle, de cactées miniatures et de souvenirs des Beatles. Il a neuf ans.».

Et Oskar est le moteur de cette «histoire de famille» qui attend d’être découverte. Son père est mort un an plus tôt dans les attentats du 11 Septembre et ça, ça ne s’explique pas, ça ne se comprend pas, quand on a neuf ans. Et lorsqu’il trouve dans les affaires de ce père disparu une clef à l’intérieur d’une enveloppe où se trouve seulement le mot «Black», Oskar se dit que cette clef apportera les explications manquantes.

Si ses recherches le mènent de rencontres en rencontres (il y a des millions de serrures qui pourraient être ouvertes avec cette clef et il y a beaucoup de «Black» à New-York) qui lui en apprendront sur le monde des adultes et lui-même, on découvre aussi en parallèle l’histoire de ses grands-parents, immigrés allemands.

Un thème qui pourrait sembler lourd mais qui ne l’est à aucun moment. Un ton aéré et dynamique dans la narration de ce petit garçon intelligent, vif et sensible. "Extrêmement fort et incroyablement près" est un roman particulièrement touchant mais jamais pathétique. Il ne manque ni d’humour ni d’inventivité et fait preuve d’une certaine clairvoyance sur le travail de deuil et les absents qui nous font changer.

Ponctué de photos qui imagent et accentuent le propos, ce roman m’a positivement interpellée, malgré ma réticence à y entrer. Comme quoi, il est souvent bon de dépasser ses a priori…

Deuxième roman du tout juste trentenaire Jonathan Safran Foer, "Extrêmement fort et incroyablement près" a beaucoup fait parler de lui à sa sortie et c’était mérité.

lundi, janvier 07, 2008

Petite brocante intime, collectif autour de P. Delerm

Petite brocante intime ou l’éloge de la nostalgie. De rencontres en dîners entre amis est née l’idée de cette sorte de mini-anthologie d’objets kitsch, utiles ou pas, désuets ou toujours un peu parmi nous, qui parsemèrent l’enfance, pour la plupart, des plus de trente ans.

Du nain de jardin en passant par la vierge en plastique, du papier buvard au bic quatre couleurs ou encore la bouillotte, les boules à neige, les charentaises, le bob ou le tricotin, tous prennent leur place grâce au regard plus tendre qu’il n’y parait de celui ou celle qui raconte leur histoire.

Philippe et Martine Delerm, Anne et Didier Convard, Jack Chaboud, Michel Picquemal, Lisette Morival et Christian Robin sont les membres de cette bande de la « boîte à trésors ». Chacun prenant ses mots en main pour dresser le portrait de ses souvenirs.

Si je reproche à l’ensemble un brin d’esthétisme intellectualisant, ou d’avoir un peu trop de retenue dans le style (assez classique et parfois lisse), j’ai aussi été touchée par le sentiment de soupirer avec les auteurs sur les images attachées à tous ces objets plus hétéroclites les uns que les autres. Une petite préférence à noter pour la plume plus pétillante de Jack Chaboud, qui a changé définitivement ma vision du bonbon à la menthe…

mardi, janvier 01, 2008

Belle année 2008...

Parce qu'on est toujours là, avec nos lectures et nos bonnes résolutions, avec nos idées et nos images en tête, il ne faut pas oublier d'en sourire et d'en rire!
Meilleurs voeux à tous les passants qui passeront! ;-)

dimanche, décembre 23, 2007

Dans le train...






Les gens qui lisent dans le train vieillissent-ils plus vite à ne pas voir le temps passer?

Ou peut-être moins...

samedi, décembre 22, 2007

"La mécanique du coeur", de Mathias Malzieu

La musique folk-rock déjantée et imaginative de Dyonisos se retrouve ici entre les lignes de Mathias Malzieu, chanteur-auteur-compositeur du groupe, qui réalise avec La Mécanique du Cœur un roman dont la «bande originale» se retrouve sur l’album éponyme (dans lequel on peut noter la participation d’Olivia Ruiz, Jean Rochefort, Alain Bashung ou Eric Cantona), sorti début Novembre.

On pourrait se croire dans une atmosphère tout à fait burtonienne: Jack naît le jour le plus froid du monde, tout en haut de la colline d’Arthur’s seat, à Edimbourg, en 1874. Si froid, ce jour, que son cœur en est gelé et qu’il ne doit sa survie qu’à Madeleine, une accoucheuse un peu docteur, un peu magicienne, un peu fragile mais si forte, qui lui greffe une horloge sur le cœur pour qu’il puisse fonctionner. Alors que les autres enfants, comme lui sortis du ventre de prostituées, trouvent souvent une famille d’adoption, Little Jack voit sa différence l’exclure inexorablement. Il grandit sous la protection de Madeleine, qui le met en garde contre le monde extérieur, lui dont le cœur est si fragile... C’est pourtant sans compter cette rencontre avec Miss Acacia, cette petite chanteuse qui refuse de porter ses lunettes par souci de coquetterie et se cogne à tout, cette petite chanteuse qui le captive dès l’instant où il la croise. Cette petite chanteuse d’Andalousie qui lui fait découvrir tout ce que l’amour peut causer comme bouleversements à l’intérieur du cœur.

A sa façon, avec ses mots, son monde fait de rêves, d’images, d’étincelles, de noirceur et de fantasme, Mathias Malzieu aborde le thème de la différence et du rejet, mais aussi ceux de la passion et de ses destructrices incompréhensions, de la douleur éprouvée par un cœur trituré par un amour trop fort pour lui. Il se dégage du roman, de ses personnages attachants, une atmosphère qui nous déconnecte de la réalité sans jamais oublier de nous la rappeler. Même si on peut lui reprocher d’avoir un (tout petit) peu abusé des bonnes ficelles du genre, La Mécanique du Cœur est un conte pour les grands enfants que nous sommes, toujours sensibles à ce genre de fiction allégorique foisonnante qui d’une certaine façon transcende les émotions.

Un livre touchant qui nous colle de l’engrais d’images dans la tête. Peut-être pas le bouquin de l’année mais un petit coup de cœur.

mercredi, décembre 19, 2007

"Hotel de dream", d'Edmund White

Stephen Crane, auteur américain célèbre de la fin du XIXe siècle, est en train de s’éteindre des suites de la tuberculose. Il n’a que vingt-huit ans. Cora, sa compagne, est déterminée à lui donner toutes ses chances et l’emmène de leur maison de campagne dans le Sussex vers une clinique allemande.

Ancienne gérante d’un bordel nommé Hotel de Dream, elle lui est aujourd’hui totalement dévouée et note, jour après jour, les lignes du dernier roman que Crane lui dicte, lorsque ses forces le lui permettent. Inspiré d’une rencontre de l’auteur avec un adolescent travesti, «Le Garçon maquillé», histoire d’amour destructrice entre un jeune prostitué et un banquier bien mis, s’élabore avec impudeur et fascination. Roman à l’intérieur du roman qui est découpé par la douloureuse extinction de l'écrivain.

Mythe ou réalité, ce dernier récit qui n’a jamais vu la publication est un excellent prétexte à découvrir qui était Stephen Crane, dont la célébrité en faisait un des auteurs les mieux payés de l’époque, et comment il interagissait avec ses contemporains comme Henry James ou Conrad. Hotel de Dream est une fiction extrêmement bien construite, qui pique notre intérêt sur le destin méconnu d’un romancier controversé.

On sent en tout cas la passion d’Edmund White pour son sujet : le milieu homosexuel new-yorkais à l’aube du XXe siècle, ce «Garçon maquillé», qu'il invente au nom de Crane, etc. et plus particulièrement pour cet auteur à la carrière aussi brève qu’intrigante, sachant que les biographies dont White s’est inspiré ont été réalisées par des historiens plutôt enclins à la fiction...

vendredi, décembre 14, 2007

La faim des magiciens, de Raphaël Jacquerye

A l’heure où le débat sur les modifications génétiques fait encore monter la tension, il n’était pas inopportun d’aborder le sujet dans une fiction anticipative.

Voilà ce que fait Raphaël Jacquerye dans La faim des magiciens : une ville a été créée dans les profondeurs de la forêt amazonienne. Babylone. Maintenu sous secret, le but de sa fondation intrigue néanmoins. On la sait destinée à des habitants triés sur le volet, mais selon des critères encore difficiles à connaître, trop bien camouflés qu’ils sont par l’initiateur du projet, le savant Harry Pimentel. Pourtant, on comprend bien vite le rôle de la modification génétique dans la sélection des Babyloniens. Pimentel semble déterminé à éradiquer l’agressivité, processus naturel désormais inutile à la survie de l’espèce humaine. Mais peut-être plus encore. Le projet à grande échelle finira par ouvrir ses portes, mais les résultats seront plutôt surprenants.

Alors qu’en parallèle, un autre scientifique acrobate des gènes crée un médium qui passionnera les foules, les questions éthiques, ethnologiques, métaphysiques et autres, vont bon train. Jusqu’où cette « normalisation » de la modification génétique peut-elle aller ?

Une idée de récit intrigante, qui interpelle, mais dont la mise en place est un peu décevante. Il est effectivement très intéressant d’élaborer un roman fait de questionnements à propos du sens, de l’indication, de l’aberration ou des limites des modifications génétiques. Néanmoins, la construction du récit dessert son fondement. Beaucoup de répétitions, quelques lieux communs, et des outils parfois un peu maladroits. On sent les connaissances de l’auteur et son envie de vulgariser un terrain glissant de l’actualité scientifique mais le roman en tant que tel manque d’un petit quelque chose qui aurait pu le rendre plus jusqu’au-boutiste.
Une bonne plume néanmoins, qui m’a amenée sur les traces de son premier roman, Tempête au Vatican, qui semble être un précurseur avisé du Da Vinci Code. En plus crédible, sans doute ? A découvrir.

vendredi, novembre 16, 2007

"Un enfant de l'amour", Doris LESSING

Ca y est, enfin ! Doris Lessing, après des décennies d’écriture et une bibliographie impressionnante, reçoit enfin ce prix Nobel qui l’a si souvent narguée.
Une naissance en Perse, une vie parsemée de luttes et discours contre le colonialisme, l’Apartheid, d’un passage par le parti communiste,… bref, une vie de questionnements, de révolution, de mysticisme parfois, qui transparaîtra régulièrement dans son œuvre.
Et c’est avec ce roman, sans doute peu représentatif, que je la découvre aujourd’hui. Un enfant de l’amour aborde les désillusions, la guerre parfois si absurde, l’attente, le vide, l’amour fugace mais passionné, les espoirs vains, l’engrenage d’une vie non contrôlée, celle dont on voudrait prendre les rênes sans jamais vraiment y parvenir.
1939. James Reid, jeune anglais d’origine modeste mais cultivé et délicat, embarque vers l’Inde pour faire partie des troupes destinées à réprimer l’invasion japonaise et assurer le maintien du patrimoine de l’Empire britannique. Longue « traversée » douloureuse, dans des conditions de vie intenables, qui sera interrompue par une escale au Cap, où les marins seront pris en charge par les épouses des militaires locaux. James, logé et nourri par Daphné Wright, croit trouver en elle l’incarnation de l’amour vrai et intense tant espéré par les esprits romantiques. Liaison courte mais passionnée, dont James gardera un souvenir éperdu et irrationnel, toujours aiguisé par l’espoir de la retrouver un jour, cette femme qui le rendit stupéfait d’adoration.
Si les réflexions de fond sur les conditions de vie des marins, sur les non-sens et le matérialisme intéressé de la guerre, sur l’utopie et les aveuglements amoureux, sont intéressantes, elles sont néanmoins abordées, pour moi, avec une plume un peu trop lisse.Sans aucun doute, pour la connaître mieux, me faudra-t-il lire Le carnet d’or, roman précurseur d’une grande et longue carrière, très certainement de qualité.

Du retard à rattraper...

Ce blog n'est pas mort!
Je m'empresse d'y mettre ces dernières lectures qui tardaient à venir se loger ici...