dimanche, août 13, 2006

"Dissolution", C.J. SANSOM

Crime et châtiments

Nous sommes en 1537. Le Roi d’Angleterre s’insurge contre la suprématie papiste et désire reprendre à son compte les rennes de l’Eglise catholique. Le temps de la Réforme est venu. Assisté par le vicaire Cromwell, les hérésies sont dénoncées et les monastères, désormais montrés du doigt car lieux de débauches et d’égarements mystiques, sont menacés de dissolution. Leurs richesses, elles, de partages entre vassaux et protégés du roi.

Envoyé en émissaire redresseur de torts au monastère de Scarnsea, le commissaire Singleton est retrouvé assassiné, la tête sauvagement tranchée. C’est à Matthew Shardlake, avocat employé par Cromwell, de s’assurer de la résolution de cette affaire. Et à s’immiscer dans la vie intime des moines de Saint-Donatien.

Accompagné de Mark Poer, son assistant, Shardlake entre en guerre avec les traditions et avec lui-même. Armé de ses convictions, il décortique les âmes cloîtrées du monastère, cherche les indices, se perd souvent, et finalement se retrouve, toujours un peu plus différent de l’homme qu’il était avant. A bas le manichéisme de sa conscience, le Mal et le Bien perdent toujours de leurs couleurs lorsqu’il s’agit de gratter leur surface. Et finissent toujours par étrangement se ressembler…

Un thriller habile, intelligent, intéressant, comparé aisément au « Nom de la Rose » d’Umberto Eco… Mais là, je lève la main, car Eco est Eco, et ne lui ressemble pas tout qui le désire.

Il ne s’agit pas seulement de démasquer un criminel. Mais plutôt de sonder les âmes, de sonder l’Histoire, que ce soit celle de l’homme ou du catholicisme. Que ce soit les esprits ou les croyances. Toujours bousculés par cet omniprésent besoin de toute-puissance.

Shardlake est un homme fragile même si d’apparence forte, bossu, malmené par son corps et par sa mélancolie, il doit détricoter son âme autant que cette sombre affaire de meurtre.

Sansom mène son récit avec une narration précise mais fluide, apportant généreusement la magie de l’image induite pour le plus grand plaisir de notre imaginaire. On entre facilement dans l’atmosphère humide, dérangeante et fascinante de la vie monastique. Même si son style est assez lisse, l’auteur a fait de ce livre une agréable et prenante fiction, intelligente mais modeste, qui aboutit à une lecture plaisante et captivante. Un premier roman à apprécier.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je l'ai lu voilà quelques mois, et je dois dire que je suis bien rentrée dans l'histoire. Un polar historique qui se laisse lire. Bien sûr, Virginie, comme tu l'as souligné, il ne détrône pas "Le nom de la rose" -
Merci pour ton blog que je visite régulièrement, et où je "pique" des idées lectures pour rallonger ma PAL.

Anonyme a dit…

J'ai un très bon souvenir de ce livre, mais je n'ai pas encore lu la suite :"Les larmes du diable"
Yvon