vendredi, mai 19, 2006

Y aura toujours du monde


Du monde pour parler de nos petits vieux qui, vieux, avancent, vieux régressent, vieux tendresse, s'en vont s'en viennent, la larme à l'oeil, et les genoux en deuil.
Aujourd'hui en congrès, à trois mots près, des gens j'en ai vus. De ceux qui s'intéressent, ceux qui font semblant, qui sont là pour échapper au boulot et s'asseoir en griffonnant, en machant des sandwichs, l'air je m'en fiche. Les rassemblements de docteurs et de participants, ça laisse toujours une demi-teinte dans l'esprit, du faux, du vrai, du sincère, du fabriqué.
Et eux, les vieux, ils sont seuls dans leur lit.
Les petits vieux, moi je les ai dans le coeur, au chaud nichés dans le creux de mon monde. La vieillesse est une histoire, bonne ou mauvaise, triste ou sereine, solitaire ou débonnaire. Il y a toujours un regard de détresse qui vous ramène à vous, une impatience qui vous exaspère, un passé miroir, une vie qui se réduit comme on réduit un objectif. Je m'imagine comme eux un jour et j'ai parfois peur, peur d'être de ceux qui seuls attendent le noir ou jouent aux dames avec l'angoisse. Oui, ils jouent au solitaire.
Et puis la chaleur d'un regard bleu qui affectionne, qui plein de bonté oublie le mauvais côté. parce qu'il l'a déjà bien assez vu. Les petites complicités des générations décalées. Ce demain qui est presque hier, déjà.
Parler d'eux d'une parole décousue, comme leurs pensées et leur mémoire, leur offrir ce qui leur reste.

Oublier la mort du chien,
Danser sur un air qui fait monter la larme- souvenir,
Manger trois fois rien,
Dans trois minutes, trois ans, partir,
Regarder la photo de l'autre "au ciel", en attente,
Abandonner sa chambre à l'étage,
"Vingt + vingt? Ca fait trente!"
C'est quoi ce carnage?
Devenir petit
Devenir Grand
La mémoire sourit
L'âme est noire dedans
Perdre le Nord
Passer son permis rollator
Etre crevé rien que pour sortir du lit
C'est rien, on m'y remettra après-midi...

Etre vieux, il parait que ça fait vieillir

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