dimanche, mai 14, 2006

"L'envoûtement de Lily Dahl" de Siri HUSTVEDT

Dans une bourgade perdue du Minnesota , le regard s’arrête sur une jeune serveuse de dix-neuf ans, Lily Dahl. Elle rêve de Marilyn, d’une carrière d’actrice, elle aime être là et voudrait être ailleurs.

Là, dans ce petit coin d’Amérique où jaser donne la mesure du temps, où tout un chacun a le visage marqué de secrets, de bizarreries, de singularité, Lily voit sa relation avec Hank, un policier simple et amoureux doux, s’effriter et perdre son goût. Surtout depuis qu’en face de chez elle s’est installé un peintre juif, le séduisant Edouard Shapiro.

Autour de Lily gravitent un bon nombre de personnages qui donnent tout son sel à l’histoire. L’étrange Martin, qui bégaie quand le cœur n’y est pas, dont la peau pâle et le regard profond intriguent et effraient Lily autant qu’ils ne l’attirent. Mabell, la vieille voisine maternelle qui habille la vie de mots et écrit le roman de sa vie. Dolorès, la prostituée dépressive et alcoolique, les frères Bodler, sales et repoussant, fils d’un meurtrier. Parfois clichés, parfois touchants, des caractères étonnants se dessinent.

L’Amérique profonde a bien des facettes pour inspirer les auteurs. Ici, il y a ce charme, ce côté mystérieux, inaccessible et décalé qui porte un bon récit. Je me suis vite plongée dans ce livre, outrepassant les lignes. Un certain envoûtement, une séduction s’empare du lecteur comme du personnage principal. On se dit que Lily est folle, charmante, inconsciente, dangereuse. Mais l’attachement est facile et se marque très vite. Les personnages secondaires ont du poids, même s’ils auraient pu être davantage « cristallisés », comme si parfois l’impression nous venait que l’auteur aurait pu aller encore plus loin. L’écriture est fluide, même si narrative et parfois spéculative, et crée extrêmement bien le ton. Beaucoup d’intelligence, un regard lucide et aimant sur ce monde humain souvent moche, souvent beau.

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