mardi, mai 30, 2006

Henning Mankell, "Meurtriers sans visage"

Voilà que je découvre le désormais célèbre inspecteur Kurt Wallander, suédois de son état, séparé, déprimé, souffrant de la solitude et de ses quelques kilos en trop. Première enquête à l’actif de son auteur, « Meurtriers sans visage » ouvre le rideau sur un sombre meurtre dans la campagne glacée de cet hiver encore dépourvu de neige. Un couple de vieux fermiers est découvert, lui sauvagement battu et assassiné, elle agonisante, le souffle rare et la vie au bout d’un fil.

Avant de quitter ce monde, elle aussi, elle laissera échapper un mot, un seul, « étranger ». On ignore qui a commis ce crime sordide, mais vite le vent médiatique se répand et met le feu aux poudres : qu’en est-il de l’immigration en Suède ? Faut-il faire confiance à tous ces réfugiés en attente dans des camps de fortune ? Ne laisse-t-on pas les portes frontières trop ouvertes ?

Difficile d’aborder un tel sujet sans entrer dans les clichés… Mais sans complètement les éviter, Mankell entrebâille la porte de la réflexion objective, sur les débordements racistes faciles, sur la gestion correcte ou non des candidats à l’immigration, sur la confrontation des mentalités, etc.

L’enquête se déroule lentement, difficilement, les soucis de Wallander lui embrouillent l’esprit autant que le mur semble impossible à franchir. Alors que la vérité, il le sait, se trouve derrière… Et le tout prend corps, malgré l’écriture froide et assez impersonnelle de Mankell, Wallander se dessine, faible et fort, simple et complexe, avec ses problèmes personnels et professionnels.

Intéressant donc, ce premier opus, agréable à lire, et visiblement intelligent. On sent l’auteur prendre ses marques. Il parait que ce n’est pas son meilleur, je m’attellerai donc à la suite bientôt, car me reste un petit goût insatisfait malgré tout…


5 commentaires:

Valeriane a dit…

J'attends tes impressions de la suite de la série.
Je n'ai jamais lu cet auteur... mais je le vois souvent dans les rayons...
Enfin là, pour le moment, j'ai assez à la maison ;-)

Virginie a dit…

Des amis m'en ont dit beaucoup de bien, Mankell dépassant le simple polar et rendant apparemment très intéressant et attachant son personnage phare.
On m'avait prévenu que le premier n'était pas le mieux mais choisir: commencer par le début ou commencer par un meilleur? Et comme je n'aime pas prendre les histories en cours...
Bref, on verra la suite!

Valeriane a dit…

C'est toujours intéressant de commencer par le début. ça permet de voir évoluer la psychologie des personnages centraux et récurrents.
De mon côté, je lis "régulièrement" la série Kay Scarpetta de Patricia Cornwell.
Dans ce genre de roman, les histoires sont aussi liées, et c'est beaucoup mieux de les suivre dans l'ordre. Des évènements d'un tome influencent ceux du suivant et ainsi de suite.
Ok, il y aussi le risque d'être déçu et de ne pas continuer... mais pourquoi pas laisser sa chance à un auteur... surtout lorsqu'il s'agit d'un premier roman.
Point de vue évolution psychologique, je te conseille la trilogie sur le mal de Maxime Chattam, avec l'âme du mal en premier. Et ce premier thriller en vaut vraiment la peine. Le "héros" est sombre, torturé et plein de mystère. Les histoires sont palpitantes... un régal.
Et ça fait mal au lecteur que nous sommes de se dire qu'après le troisième tome... nous n'aurons plus de nouvelles de ce détective passionnant.

Anonyme a dit…

Je n'ai pas du tout accroché à cette lecture ni au personnage de l'inspecteur ! Je conseillerais plutôt 'le femme en vert' Indraldur Indridasson .

BMR & MAM a dit…

Mankell est l'un de nos auteurs de polars préférés (et avec l'américain Connelly et le norvégien Jo Nesbo et avec l'islandais Indridason et avec ... stop !).
On vient de lire un nouvel opus : Le retour du professeur de danse qui rompt avec le traditionnel inspecteur Kurt Wallander et qui nous a enchantés.

À noter aussi que cet auteur très varié (il écrit aussi du théâtre) sait faire autre chose que du polar (même si c'est du polar intelligent) et a livré un étrange roman "social" : Tea Bag.