"De sang-froid", Truman Capote
Dans une petite ville du Kansas, s’ébauche l’univers d’une famille unie, à qui tout réussit, les Clutter. Les Clutter, on le sait, sont les victimes futures de deux égarés, chiens perdus et galleux, Richard Eugene Hickock et Perry Edward Smith. On voit cette famille s’épanouir et le malaise grandit, on sent approcher l’instant, la cruauté suprême, la tragédie finale. On suit la route des deux tueurs, qui se rapproche inexorablement du bonheur fragile des Clutter. On sait qu’on ne peut rien éviter, on se laisse entraîner, traîner vers le drame. Et c’est le contact, fulgurant. Quatre morts sanglantes et déchirantes.
Ce livre a cette puissance terrible que dégage la fascination de l’auteur pour son sujet. On sent cette volonté de distanciation qu’il s’impose sans jamais pouvoir s’y résoudre. On s’attache et se lamente pour le bonheur détruit d’innocents, on s’expose au dégoût inspiré par les auteurs du crime pour finalement découvrir en eux deux pauvres âmes qui, dans leur cruauté, restent, au fond, des personnes, avec leurs souffrances et leurs inévitables et grandissants échecs. Et la pitié s’infiltre à notre insu.
Sans être un plaidoyer contre la peine de mort, on sent à quel point il n’est pas évident pour tous de se résoudre à donner cette mort que justement, on condamne d’avoir donné. L’indifférence ici n’est pas de mise. Après leur arrestation, leur procès et leur incarcération dans « l’Allée de
Et toujours, cette ironie cruelle :
Duntz demande à Smith : « Tout compris, combien d’argent avez-vous trouvé chez les Clutter ?
- Entre quarante et cinquante dollars. »
1 commentaire:
Il est dans ma PAL !
Enregistrer un commentaire