mercredi, mars 29, 2006

Obsessions

Alfred Kubin (1877-1959), artiste autrichien, est mis à l'honneur dans le cadre de l'exposition "Obsessions", menant un front double à l'hôtel de Ville de Bruxelles et au Musée Félicien Rops à Namur.
Ca, je l'ignorais jusqu'à avoir l'oeil attiré par l'article paru dans mon Vif hebdomadaire. Magie Noire. D'abord, fascination pour l'image. Un coup de crayon épuré, une froideur sensuelle, je m'attache au détail. Die Haarschleppe. La traîne de cheveux. Plus loin, l'entrée dans l'imaginaire fouillé et complexe de Kubin, mis en accord avec celui de Rops, Goya, Gauguin, Ensor ou Degroux.
Plus loin encore, j'entre à l'hôtel de Ville, cet après-midi. Autour de Kubin, ces artistes qui ont partagé son univers et dont il s'était procuré avidement les oeuvres. Une encre de Chine de Goya, une aquarelle de Gauguin. Il était méticuleux dans le besoin d'enrichir son monde solitaire, il se le peuplait de créatures absurdes, de délires morbides, de pornographie fantasmagorique.
"Le véritable spectateur, celui que j'espère, ne regarde pas uniquement mes dessins l'oeil ravi ou critique mais comme animé d'un contact secret, son attention doit aussi se tourner vers la chambre noire, riche en images, dans sa propre conscience onirique."
Sa curiosité obsédante pour les cadavres naquit à la mort de sa mère, emportée par la phtisie dans d'atroces souffrances. D'abord attiré par le fantastique absurde, les cochons ailés, les squelettes en danse folle, les délires imaginaires de Kubin finirent par représenter seulement et uniquement ses détresses morales, sa profonde tristesse à l'annonce de la Grande Guerre. Isolé dans son chateau jusqu'au dernier moment. Cette mort que lui-même finit par ne plus craindre.

"L'assurance qu'une chose merveilleuse peut venir du rêve est capable d'électriser la grisaille quotidienne avec autant de poésie qu'un conte mystérieux."

J'aime cette idée. Cette exposition avait tout de l'atmosphère sombre et déjantée du "Maître et Marguerite". Mort, absurdité, fantasmagorie, sexe, terreur, part sombre et hantise des artistes rassemblés là autour de Kubin.

Quand le rêve devient fascination, ensorcellement, possession, besoin tellement intense qu'il n'existe plus que dans son accomplissement, sa naissance, sa création.

Déroutant, effrayant et pourtant...

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