samedi, mai 26, 2007

"L'erreur est humaine", de Woody Allen

L’apologie de l’absurdité

Comment perdre ses repères en… dix-huit nouvelles. Etre plongé dans cette presque-réalité où tout semble logé derrière un miroir déformant… mais pas trop. Allégorie ? Métaphores ? Ou simplement un lâcher-prise direct dans un univers si proche et à la fois complètement chamboulé par la vision délirante et absurde de son auteur ? On pencherait plutôt pour cette solution…

« Mere anarchy » (simple anarchie), titre original du recueil, semble davantage coller au fond que sa traduction « L’erreur est humaine » puisqu’n se trouve dans un univers où la normalité, les bases habituelles sont renouvelées et transformées en toute discordance.

Alors où Woody Allen nous emmène-t-il lorsqu’il passe derrière une plume plutôt qu’une caméra ? En Inde, peut-être, où une doublure lumière se ferait kidnapper à la place de la star qu’elle figure… Ou dans les tourments d’un couple dont le fils n’a pas été accepté dans la meilleure école maternelle de Manhattan et qui imagine déjà l’avenir du rejeton pétrifié en désastre jusqu’à son dernier souffle. Ou encore dans un magasin de costumes qui propose, bien au-delà du trois-pièces, des vertus odorantes, anti-taches,… à ses complets. Et quelle serait la substance d’un livre minceur écrit par Nietzsche ?? Du délire, et encore du délire… Mais délire jusqu’où, quand il concerne le genre humain, parfois ahurissant d’aberration ?

Jeux de mots à profusions (on ne peut s’empêcher de se demander jusqu’à quel point le traducteur s’est permis de prendre des libertés quant à la gymnastique lexicale du texte ou même quant à son sens), situations grotesques, imaginatives, débridées, extravagantes. Le monde Allen a une toute autre perception, propre et exaltée, de la cohérence, c’est une évidence…

On sent l’auteur s’être pris d’un jubilatoire amusement en écrivant ces lignes, comme un garnement surdoué s’invente des histoires à dormir debout et les fait partager, tout fier de son ironie sagace.

Donc, du plaisir amusé, voilà ce qu’on tire de ce recueil vif et « décortiqueur » fertile et abracadabrant de la nature humaine, qui ne se calme jamais, même si un peu inégal dans la qualité de son contenu. Une plume piquante et agréablement… schizophrène ?

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