vendredi, mars 16, 2007

"les petits ruisseaux", de Pascal Rabaté

On oublie souvent que, passé un certain âge, l’amour peut encore être autre chose qu’un thé à seize heure, qu’une émission de début de soirée, côte à côte et le chat sur les genoux, autre chose qu’un sourire humide et une prescription d’arthrose et de patience. Autre chose qu’une habitude d’attente. Autre chose qu’une nostalgie des débuts et le partage d’un pilulier.

Oui, l’amour est encore l’amour, celui où le trac noue l’estomac, où l’incertitude se mélange à l’excitation, où le corps se réveille pour un rien, où l’autre est attendu comme on attend sa ration de vie quotidienne. Même si cet amour a aussi l’allure de cheveux rares et de douleurs disséminées.

Dans « Les petits ruisseaux », Emile s’aperçoit combien son ami Edmond, fidèle compagnon de pêche, s’était chaleureusement ménagé un jardin secret. Adepte des rencontres par annonce, Edmond n’avait pas renoncé aux expériences faites de nouveautés et de piquant, malgré son troisième âge bien sonné. Lorsqu’Edmond passe de l‘autre côté, Emile laisse sa curiosité devenir un nouveau mode de vie, il se met à marcher d’un autre pas, à regarder la vie différemment, et à se dire que, finalement, ce n’est pas parce qu’on est plus proche de sa fin que de son début qu’on n’a pas le droit d’en profiter…

Beaucoup de charme et de sourires, un langage jeté avec la verve campagnarde de personnages souvent typés et attachants, une bonne conduction de l’histoire… Visuellement, ce n’est pas une BD ayant un attrait vraiment singulier, l’image est assez passe-partout, mais pas du tout gênante par rapport au récit. Un trait un peu tremblant, peut-être comme l’est l’écriture avec l’âge, peut-être comme ont arrêté d’être lisses ces vieux corps encore plein d’envies…

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