dimanche, octobre 01, 2006

"Le Maître", Colm Tóibín

Une fiction biographique

Par fascination ou par simple inspiration, Colm Tóibín désirait écrire sur cet auteur prolifique et, peut-être, tourmenté, qu’était Henry James.

De cette fascination-inspiration est né « Le Maître ». Un roman à la narration fluide mais longue, étalé sur quelques années de vie dédiées à l’introspection et l’évolution d’un auteur ayant, semble-t-il, toujours eu des difficultés dans sa relation à l’autre.

Tout commence en 1895 avec l’échec retentissant et humiliant de la première de « Guy Domville », une pièce de théâtre en laquelle James fondait énormément d’espoir. Découle une retraite en Irlande et un retour en Angleterre durant lesquels passeront comme des instantanés éclairs la défaite publique de Wilde, le décès de Constance Fenimore Woolson, les souvenirs d’une vie à Venise, Rome et d’une enfance hasardeuse auprès d’un père malade, d’une mère protectrice, d’une sœur névrosée, de ces relations avec l’aristocratie londonienne, de ses amitiés ambiguës et d’apparence rigide,…

James est présenté comme un passionné de l’âme humaine, comme un décortiqueur d’esprits et de mentalités, alors que lui-même reste un solitaire empli de réserve, d’introversion et d’un manque caractéristique de clarté dans ses relations, qu’elles soient familiales, amicales ou simplement sociales.

Un roman déroutant, laissant une sensation ambivalente de qualité et d’ennui. Une écriture irréprochable, narrative, certes, mais totalement dans le ton du récit. Une structure complexe, faite de flash-backs et de bonds en avant, mais gardant pourtant une certaine fluidité.

En résumé, un livre bien écrit, au contenu intéressant mais malheureusement non dépourvu de longueurs… Beaucoup de digressions, l’auteur s’étend souvent, avec lenteur, sur des événements anodins, sur des caractéristiques qui, tout en nous informant davantage sur le « personnage James » et n’étant pas fondamentalement inutiles, alourdissent un récit déjà bien consistant.

Je ne cacherai pas qu’il m’a fallu du temps pour en venir à bout, mais jamais un instant l’idée ne m’a effleurée d’abandonner. Et je ne pense pas que ce soit du masochisme… car Tóibín maîtrise et conte, et ça, c’est déjà très bien.

1 commentaire:

Clarabel a dit…

Vers la même époque, David Lodge avait aussi publié un roman inspiré de Henry James : "L'auteur, l'auteur". L'as-tu lu ?
Ta critique m'inspire, je vais le lire prochainement ! :-)