mercredi, août 30, 2006

Liberté d'inspiration

Pour le plaisir, se laisser aller à l'imagination délirante, un petit moment d'écho, à vous de jouer, à vous d'inventer, à vous de fictionner, à vous d'exister, réexister. Parce qu'il est si facile d'ouvrir la porte.
Parce que par envie, je vous laisse cette vie, ces "autres", des souvenirs à créer, des visages, à réinventer, des corps, des bleus, des idées, des... et voir ce que vous, vous verrez.








vendredi, août 25, 2006

Parce qu'on est stupide de rêver... ou pas?

Parce qu'on approche parfois ses rêves, du bout de l'ongle, et qu'à la dernière minute, l'ongle se casse. Parce que je n'ai jamais su pourquoi. Parce qu'il y a un an déjà, j'ai cru aller là-bas et que les grévistes m'ont volé ce rêve. Parce que je me sens futile quand je m'accroche aux détails. Parce que j'ai envie, je veux, je vis, j'ai besoin et j'espère. Parce que là-bas, il y fait toujours vert. Parce qu'une partie de moi y est déjà depuis longtemps. Il ne me reste plus qu'à attendre la fin de ce compte à rebours... :o)


jeudi, août 24, 2006

Le Petit Parisien


On l’appelait Pépino, c’était un petit Parisien. Il adorait la mousse de savon et mangeait des figues au petit déjeuner, et des raisins dont il crachait les pépins à plus de deux mètres cinquante. C’est pour ça qu’on l’avait appelé Pépino. Il souriait souvent pour rien, et à force, une dent lui était tombée de la mâchoire du bas. C’est ce qui se racontait. Et aussi qu’il avait un grand frère attardé caché dans un placard. Mais on n’a jamais pu savoir si c’était la vérité.
Pépino a disparu un matin. Il allait tous les jours chercher le pain trois rues plus loin, en courant, parce qu’il prétendait souvent être suivi par un vendeur de serpents qui voulait le donner en nourriture à son Baba Conductor. Enfin, quelque chose comme ça. Une grosse bestiole exotique dont jamais personne n’avait entendu parler. Alors Pépino faisait le fier parce qu’il savait quelque chose de plus que nous. Et il nous reprenait souvent parce qu’on n’était pas foutus de prononcer le nom correctement.
Evidemment, le jour où il a disparu, on s’est regroupés, on a formé des équipes pour partir à la recherche du vendeur de serpents… Jusque là, on n’avait jamais cru à son histoire, mais on était bien obligés de se rendre à l’évidence, Pépino devait être sur le point de se faire assaisonner.
D’abord, on a voulu en parler aux parents, mais nous savions qu’ils ne nous auraient jamais crus puisque nous, nous n’avions jamais cru Pépino.
Par groupes de deux, nous avons écumé les rues de Paris, enfin, sans jamais dépasser le secteur autorisé du quartier, bien sûr. Il ne devait pas être loin, ce vendeur, après tout.
Mais après une journée de recherche, nous étions perdus. Pas de trace de Pépino. Seulement un indice auquel nous ne croyions pas beaucoup : Gilles prétendait avoir vu une mue de serpent géant dans une porte cochère, mais quand nous étions retournés voir, elle avait disparu. Moi, j’avais surtout vu la culotte de Victorine, la boulangère, qui nettoyait ses vitres sur une échelle. Comme j’étais le plus vieux, j’avais été chargé de mission pour interroger le dernier témoin. Mais elle n’avait rien pu me dire de plus et, en la quittant, je n’étais même plus certain d’avoir vu sa culotte ou de l’avoir imaginée…
Pendant encore deux journées entières, nous avons poursuivi les recherches sans jamais nous fatiguer, du petit matin jusqu’au coucher. Gilles a même réussi à se casser le bras en escaladant une grille alors que nous lui faisions la courte échelle.
Mais rien, ça n’a servi à rien. Nous avions finalement avoué la vérité à nos parents mais ils nous ont regardés d’un air triste et n’ont jamais pu nous dire s’ils avaient retrouvé le marchand de serpents.
Pépino, personne ne l’a jamais retrouvé non plus. Pendant plusieurs semaines, on a vu Victorine apporter le pain chez ses parents, et puis finalement, ils ont déménagé. Nous, nous avons continué à chercher et, maintenant encore, quand je passe dans le quartier de mon enfance, même si j’ai depuis longtemps compris que Pépino n’a jamais été avalé par un boa constrictor, j’observe encore chaque façade dans l’espoir de reconnaître l’endroit où il imaginait voir surgir son vendeur de serpents…

dimanche, août 20, 2006

"Le cimetière des anges", Arnaud PONTIER

Faux-semblants hermétiques

Pendant la guerre de 14, le père Faillard retrouve, dans la boue d’une tranchée, ensanglanté mais sans blessure, un jeune homme nu qu’il entreprend de sauver. Complètement amnésique, ce dernier ne peut rien révéler de lui-même en dehors du mystérieux reflet de ses yeux clairs. Alors qu’Adam se recrée, l’abbé perd ses repères, Agnès, sa jeune protégée, tombe amoureuse de l’inconnu et les villageois jasent.

Un roman à l’écriture poétique, suggestive, extrêmement imagée mais… terriblement hermétique. Impression majeure d’être dans un rêve, qui ne nous appartient pas vraiment, où des émotions surgissent, incontrôlées, difficiles à expliquer, et dont la succession d’événements nous échappe souvent. Difficile d’atteindre complètement la subtilité des choses, un peu comme si l’auteur écrivait pour lui-même ce qu’il connaît déjà, nous laissant parfois à côté, tentant de deviner le pourquoi, le comment. Et lorsque le récit bascule dans un fantastique onirique, le trouble s’empare de nous.

Peut-être est-ce moi ? Peut-être cet abstrait philosophique prenant le pas sur un minimum de clarté m’a-t-il déçue ?
Un roman centré sur le questionnement manichéen entre la foi et le doute, entre le péché et la pureté, entre le miracle et la manipulation. Le contexte moral et historique donne du souffle au récit et permet parfois de se retrouver mais… il n’en reste pas moins qu’en dépit d’un style très personnel et de qualité, l’auteur n’offre pas assez au lecteur le plaisir réel d’entrer complètement dans son texte.

Un livre manichéen en lui-même, fort de son atmosphère, faible par son obscurantisme épisodique, fort de son style, faible par son fond nébuleux, fort de son intelligence, faible par son (involontaire ?) élitisme.

Et donc… un espoir à moitié déçu.

samedi, août 19, 2006

Petite chanson du jour...

Sans attendre la quille,
Je sors de ma coquille
Désertant la caserne
Qui me gouverne
Pour flâner dans la rue
Avec d'autre recrues
Dans nos manteaux d'hiver,
Papillons verts.
C'est au coeur de la ville,
La vie civile
Que nos soldes sont bues.
Les bourgeoises enchantées
De se désargenter,
D'aller faire les boutiques,
Papillons chics...

Les papillons... Les papillons...

Le diable nous emporte
Avec les feuilles mortes
Au grand bal des fantômes
Papillons jaunes
Ou dans quelque manège
Sous les flocons de neige,
Angéliques et mouillants,
Papillons blancs.
La cigarette au bec,
Je poursuis ma cueillette
En regardant descendre
Un papillon de cendres
Dans l'anonymat
D'une salle de cinéma
Parmi d'autre poussières
En habit de lumière...

Les papillons... Les papillons...

Dire que mes vingt ans,
Je les passe à tuer le temps
Sans connaître la gloire
D'être un seul soir
Un as de la voltige,
Matador de vingt piges,
Un coquelicot qui bouge,
Papillons rouges.
Moi, c'est grisé d'alcool
Que je prends mon envol
Dans la rue vers minuit,
Papillons gris.
La Lune les libère
Et, sous les réverbères,
Ce sont les noctambules
Qui déambulent...

Les papillons... Les papillons...

Parfois, parmi le nombre
On voit une ombre
Qui fait parler ses yeux,
Papillons bleus
Mais on n'écoute rien:
On pense à autre chose
Quand ses lèvres nous causent,
Papillons roses
Et parfois, on la suit,
Sous son grand parapluie
Mais son prénom nous fuit,
Papillons de nuit
Et quand, le lendemain,
Il reste sur la main
L'ombre de son parfum,
Tout un jardin,
Elle est déjà loin.
Elle n'est plus qu'un point
Et c'est le désespoir
Papillons noirs...
Car sur le guéridon,
Griffonné au crayon,
Il reste un papillon:
"Adieu Léon".

Les papillons... Les papillons...

Thomas Fersen

vendredi, août 18, 2006

La mer qu'on voit danser

Ostende qui meurt
Sous la chaleur
Ostende qui vit
Quand il fait gris

Déborder, s'égarer, sous les vagues, penser à plus tard, parce qu'Ostende est toujours loin, comme une vieille carte postale, parce qu'elle s'en fout, parce que son port est nostalgique, son regard mélancolique, parce qu'on flâne, qu'il y a une âme, qu'on ne perd pas le Nord, on y prend goût, à rêvasser, yeux éveillés, pluie, corps, boue, sable, vent, m'attends pas, j'en ai encore pour longtemps, à regarder le vide, à regarder le grand, à respirer, je perds la boule, c'est la houle...

dimanche, août 13, 2006

"Dissolution", C.J. SANSOM

Crime et châtiments

Nous sommes en 1537. Le Roi d’Angleterre s’insurge contre la suprématie papiste et désire reprendre à son compte les rennes de l’Eglise catholique. Le temps de la Réforme est venu. Assisté par le vicaire Cromwell, les hérésies sont dénoncées et les monastères, désormais montrés du doigt car lieux de débauches et d’égarements mystiques, sont menacés de dissolution. Leurs richesses, elles, de partages entre vassaux et protégés du roi.

Envoyé en émissaire redresseur de torts au monastère de Scarnsea, le commissaire Singleton est retrouvé assassiné, la tête sauvagement tranchée. C’est à Matthew Shardlake, avocat employé par Cromwell, de s’assurer de la résolution de cette affaire. Et à s’immiscer dans la vie intime des moines de Saint-Donatien.

Accompagné de Mark Poer, son assistant, Shardlake entre en guerre avec les traditions et avec lui-même. Armé de ses convictions, il décortique les âmes cloîtrées du monastère, cherche les indices, se perd souvent, et finalement se retrouve, toujours un peu plus différent de l’homme qu’il était avant. A bas le manichéisme de sa conscience, le Mal et le Bien perdent toujours de leurs couleurs lorsqu’il s’agit de gratter leur surface. Et finissent toujours par étrangement se ressembler…

Un thriller habile, intelligent, intéressant, comparé aisément au « Nom de la Rose » d’Umberto Eco… Mais là, je lève la main, car Eco est Eco, et ne lui ressemble pas tout qui le désire.

Il ne s’agit pas seulement de démasquer un criminel. Mais plutôt de sonder les âmes, de sonder l’Histoire, que ce soit celle de l’homme ou du catholicisme. Que ce soit les esprits ou les croyances. Toujours bousculés par cet omniprésent besoin de toute-puissance.

Shardlake est un homme fragile même si d’apparence forte, bossu, malmené par son corps et par sa mélancolie, il doit détricoter son âme autant que cette sombre affaire de meurtre.

Sansom mène son récit avec une narration précise mais fluide, apportant généreusement la magie de l’image induite pour le plus grand plaisir de notre imaginaire. On entre facilement dans l’atmosphère humide, dérangeante et fascinante de la vie monastique. Même si son style est assez lisse, l’auteur a fait de ce livre une agréable et prenante fiction, intelligente mais modeste, qui aboutit à une lecture plaisante et captivante. Un premier roman à apprécier.

jeudi, août 10, 2006

Un peu de douceur dans ce monde de brutes

J'aime être béate devant la nature, et puis tant pis.
Au passage, petit clin d'oeil à un site que je viens de découvrir qui s'y prend bien mieux que moi pour attraper sa beauté au vol :
http://macrophotographie.skynetblogs.be/

mercredi, août 09, 2006

A défaut, regarder la lune...

Si je ne suis pas ici, c'est sûrement que je suis là-bas...
;o)

mardi, août 08, 2006

"La Musique du Hasard", de Paul Auster

La faute à pas de chance

Tout balancer, avec deux cents mille dollars en poche, quitter son boulot de pompier, s’acheter une nouvelle voiture, faire une croix sur son passé et rouler. N’importe où, n’importe comment, des centaines de kilomètres, à cette allure grisante et indéfinie, avec Bach ou un autre, peut-être, en fond sonore.

Nashe a hérité de son père, l’inconnu, mort alors qu’il était encore vivant, mais mort pour de vrai, cette fois. Il règle ses dettes et file vers le néant de la route, plus loin chaque jour. Pendant des mois, happé par une réelle dépendance, il roule, au gré du hasard.

Ce hasard toujours moqueur va lui faire rencontrer Jack Pozzi, dit Jackpot, joueur de poker talentueux qui lui offre l’opportunité d’investir ce qui lui reste d’argent dans une partie soi-disant infaillible, une partie où deux milliardaires excentriques, Flower et Stone, joueront les adversaires à plumer.

Et dès que la partie commence, les limites se perdent…

Un roman crescendo, où la pression monte, à l’intérieur de ce huis clos étrange, désaccordé, où le contrôle est le seul enjeu qui reste. Hasard, encore et toujours, au centre de la réflexion austerienne, quête de soi, relation à l’autre et à sa propre vie. Un livre passionnant, sur l’errance de cette liberté qui peut nous être si accessible ou si étrangère, et ce, en un claquement de doigt.

Auster est maître en pirouettes, en question posées, en réponses éludées, ce qui joue parfois à son désavantage, mais laisse derrière lui la trace d’un excellent écrivain.

mercredi, août 02, 2006

Espoir


Une vieille chappelle abandonnée, dans une petite rue du bord de l'Atlantique. Petite rue, oui, et silence. Un arbre sec et jauni à son flanc. Quelques traces du culte protestant anciennement célébré là. Mangée par le sel et la rouille, mangée par le temps. Un endroit qui déborde de mémoire.
Dommage, cet arc de lumière qui n'est pas centré, j'aurais dû attendre que le soleil tourne, mais...

mardi, août 01, 2006

"La Fille Tatouée", Joyce Carol OATES

A Philip Roth...

A Philip Roth ce roman est dédicacé, on n’en est que peu surpris au final. Comme lui, Joyce Carol Oates semble aimer cette Amérique qui se décortique, celle où rien n’égale le choc des classes, cette ironie du monde ou le riche côtoie le pauvre avec suffisance, ou l’attitude paternaliste, humaniste de la classe intellectuelle envers les minimexés de la culture se disperse au vent des bonnes intentions frauduleuses et vaniteuses. Un roman intelligemment social, dirons nous. Où personne ne fait vraiment le bien en désirant le faire, au final…

Joshua Seigl est de ces professeurs d’université dont l’aura de tête pensante se déroule avant et après lui comme un tapis rouge. Auteur d’un roman célèbre, il vit sans se soucier du coût des choses, ni de leur valeur tant qu’elles ne sont pas une attache. Joshua Seigl aime être seul dans sa bulle de connaissances. Joshua Seigl n’a plus rien écrit qui dépasse son roman « Les Ombres », inspiré d’un passé juif dont il ne se sent pas complètement parent. Il est juif, mais pas un juif de l’Holocauste, il fait juste parler l’Histoire. Il entreprend une traduction de Virgile, il travaille, seul. Mais Joshua Seigl est malade. A trente-huit ans, la vie lui réserve une de ces maladies neurologiques dégénératives qui amenuisent le corps sans lui expliquer pourquoi. Il lui faut un assistant. Beaucoup de candidats, aucun élu.

Et puis, il y a cette fille. Cette Fille Tatouée à l’étrange tache sur le visage. Cette femme femelle, primitive et sensuelle, qui regarde le monde comme avec cet air de chien battu qu’elle est. Chien battu mais hargneux.
Il l’engage, elle fera le tri dans son ménage, cette grande maison inexploitée, cette grande vie inexploitée. Joshua Seigl tente de l’apprivoiser, mais Alma, la fille, n’est pas ce qu’il croit…

Deux mondes qui ne savent pas se comprendre, un crescendo de violence larvée, de haine, d’amour, une douleur constante. Ce roman est vite bouleversant, écrit brillamment, sans condescendance et encore moins complaisance, la plume de Oates est formidable de franchise, de pudique impudeur. Dépeindre l’Amérique au vitriol est très à la mode parmi son cercle d’intellectuels, certes. Wolfe, Roth, Oates sont là pour mettre un point d’honneur à ce sujet. Mais s’y prendre sans rictus méprisant, seulement avec un sourire triste ou un regard sincère donne toute sa qualité à un livre. Un livre comme « La fille tatouée ».

Première rencontre avec Oates : blessures et fascination

"Le mystère de la clef", Patricia Wentworth

Just for fun: une enquête à la Miss Marple

Ou à la Jessica Fletcher, si elle ne se déroulait pas fin de la seconde Guerre Mondiale.

Petit village anglais. Un scientifique juif vient de terminer ses recherches sur une matière explosive et s’apprête à révéler ses résultats au gouvernement. Avant même de fournir les conclusions de son travail, il est retrouvé mort, une balle dans la tête, dans l’église du village où il avait l’habitude de jouer de l’orgue. Tout fait penser à un suicide.

Mais pourquoi, peu avant sa mort, avait-il affirmé avoir eu la sensation de croiser un fantôme ? Pourquoi ses proches sont-ils convaincus que jamais il ne se serait suicidé alors qu’il était sur le point de transmettre le fruit de son travail à une cause peut-être juste ? La situation peu claire entraîne Janice Meade et Garth Albany à demander conseil à Miss Silver, grande enquêteuse et esprit fin. Beaucoup de suspects à éliminer, un jeu de piste à suivre.

A lire avec humour, détachement, beaucoup de second degré et une envie forcenée de se changer les idées. Paru à l’origine en 1946, ce livre recèle le charme de ces romans encore étriqués dans les convenances et pourtant sur le point de se libérer, de se lancer vers une littérature plus légère et directe par quelques petites portes encore à peine entrouvertes. Du charme, de l’amusement, du divertissement autour d’une très sympathique intrigue.